Orient Express

Monday, February 05, 2007

J+83: Arrivee a Melaka

La première mention écrite connue de Malaka provient d'un texte chinois, le Ko Kwo Yi Yu, qui relate une mission chinoise à Malaka en 1403. On doit à ce texte une liste de mots malais transcrits en caractères chinois, avec leur traduction en chinois.

Selon la tradition, Malaka a été fondée peu avant 1400 par Parameswara, un prince de la cité hindou-bouddhique de Palembang (sud de Sumatra) qui refusait la suzeraineté du royaume javanais de Majapahit et quitta Palembang. Malaka revendiqua la suzeraineté sur Palembang, mais la Chine prit le parti de Majapahit.

Située sur une grande voie de commerce international entre d'une part, de la Chine et des Moluques et d'autre part, l'Inde et le Moyen-Orient, Malaka devint rapidement le port le plus important de la région.

Les marchands musulmans jouaient un rôle prépondérant dans ce commerce. Parameswara se convertit à l’islam à la fin de son règne en 1414 et prend le nom d'Iskandar Shah.

L'expansionnisme du royaume thai d'Ayutthaya (1350-1767) est une menace pour Malaka. En 1405, la cité cherche la protection de la Chine et y envoie plusieurs missions, auxquelles participent les trois premiers souverains eux-mêmes. En retour, l'amiral chinois musulman Zheng He vient plusieurs fois à Malaka de 1405 à 1433, à la tête d'une énorme flotte. Le quartier de Bukit Cina témoigne de l'établissement de Chinois, qui considéraient qu'il avait le meilleur Feng Shui de la cité. Le cimetière chinois de Malaka est le plus grand cimetière chinois du monde hors de Chine.

Malaka est prise en 1511 par le vice-roi portugais des Indes, Afonso de Albuquerque, parti de Goa à la tête d'une flotte de dix-huit bateaux et 1 200 hommes. Le sultan Mahmud déplace sa cour à Johor dans le sud de la péninsule malaise. Les principautés portuaires de Java, alliées de Malaka, tentent plusieurs fois, sans succès, de reprendre la ville aux Portugais, notamment Jepara, en 1512-13 d'abord, puis de 1551 à 1574.

La prospérité de Malacca reposait sur un réseau commercial musulman dans lequel les Portugais n'arrivent pas à s'intégrer. Tomé Pires, un apothicaire portugais qui vécut à Malaka de 1512 à 1515, a pu décrire la richesse de Malacca et le dynamisme de son commerce. Avec les Portugais, le commerce de Malaka périclite rapidement. La cité est prise dans le conflit qui opposait le royaume d'Aceh dans le nord de Sumatra et le sultanat de Johor pour le contrôle du détroit. Aceh notamment lancera plusieurs attaques sur Malacca, sans succès. La première a lieu en 1537. C'est surtout le sultan Iskandar Muda (règne 1607-36) qui, dans le cadre des ses campagnes pour conquérir les principautés des deux côtés du détroit qu'il cherche à contrôler, défait notamment une flotte portugaise à Bintan dans l'archipel de Riau en 1614. Mais en 1639, Iskandar Muda lance une flotte sur Malacca, qui est totalement détruite avec 19 000 hommes perdus.

Immédiatement après la prise de Malaka, les Portugais lancent des expéditions dans les Moluques, où ils échouent à imposer aux royaumes locaux leur monopole sur la production et le commerce des épices. François Xavier, co-fondateur de Compagnie de Jésus avec Ignace de Loyola, passe plusieurs mois à Malaka en 1545, 1546 et 1549. De là, il jette les bases d'une mission aux Moluques. Il fut enterré à Malaka pendant quelques mois, avant que sa dépouille ne soit transférée à Goa.

En 1641, les Hollandais de la VOC (Vereenigde Oostindische Compagnie ou "Compagnie hollandaise des Indes orientales"), alliés à Johor, prennent à leur tour Malaka aux Portugais.

La prise de Malaka par les Portugais aura eu deux conséquences fondamentales : la rupture du réseau des marchands de l'Asie du Sud-Est insulaire et péninsulaire, et la christianisation de l'est de l'archipel.

Pour la VOC aussi, l'importance de Malaka résidait dans sa position sur le détroit. Les Hollandais signent en outre des accords commerciaux avec plusieurs Etats de la péninsule pour s'approvisionner en étain. Mais les Hollandais devaient aussi porter leurs efforts sur la lutte contre le royaume de Gowa dans le sud de Célèbes, dont l'expansionisme contrariait leurs propres visées aux Moluques. Avec la défaite finale de Gowa en 1669, la VOC concentre ses activités commerciales sur les Moluques et Java.

Dans les années 1670, la VOC ouvre un comptoir sur la côte est de Sumatra, d'où provient l'étain dont ils contôlent le commerce avec Malaka. Les droits perçus sur ce commerce forment une part importante des revenus de la ville. Mais le commerce de Malaka entre en déclin.

En 1795, le stadhouder (gouverneur) de Hollande Guillaume V d'Orange-Nassau se réfugie en Angleterre devant l'invasion des armées françaises. D'Angleterre, il envoie une série d'instructions à ses administrateurs pour qu'ils cèdent les territoires néerlandais, dont Malacca, à l'Angleterre pour qu'ils ne tombent pas aux mains des Français.

Finalement, Malaka est cédée aux Britanniques par le Traité de Londres de 1824, qui scelle la séparation entre la péninsule et Sumatra et la coupure du monde malais en deux.

De 1826 à 1946, Malaka fut gouvernée par la Compagnie anglaise des Indes orientales et ensuite comme une Colonie de la Couronne. Elle fut incluse aux comptoirs des détroits avec Singapour et Penang. Après la dissolution des colonies de la Couronne, Malaka et Penang participèrent à l'Union malaise, qui prendra ensuite le nom de Malaisie.






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